La schizophrénie touche une personne sur 100 en France. C’est l’une des plus invalidantes des « maladies psychiques » qui sont désormais le 3ème enjeu de santé publique derrière le cancer et les maladies cardio-vasculaires. A l’occasion du Congrès de l’Encéphale qui s'est tenu du 20 au 22 janvier 2016 à Paris sous l’égide de la Fondation Deniker, l’association PromesseS, membre co-fondateur du Collectif Schizophrénies récemment créé, publie la première étude jamais réalisée en France sur la représentation de cette maladie dans les médias.
Commandée à l’ObSoCo, l’étude a été conduite de mars à septembre 2015, et réalisée avec le soutien de Sanofi et Ipsen dans le cadre de leurs activités solidaires. Elle a appliqué les outils de la linguistique (grâce notamment au logiciel de statistique textuelle Alceste©), ainsi que de la sociologie, à un corpus de 1,3 million d’articles issus d’un échantillon représentatif de la presse écrite de 2011 à 2015, afin de vérifier si la stigmatisation médiatique dénoncée par les conférences et études internationales dans l’usage du terme schizophrénie vaut aussi pour la France.
Le constat est sans appel
Non seulement le traitement médiatique français est, comme - voire plus qu’ailleurs, largement insuffisant et inadapté :
- information médicale quasi inexistante (terme présent sur 2038 articles, dont 1% seulement d’articles vraiment dédiés !),
- corrélation constante du terme avec des idées fausses (violence, dédoublement, absence d’espoir, etc.).
Mais il présente en outre d’étonnantes spécificités nationales :
- référence à la maladie avant tout dans les articles culturels (56%) et sur un mode caricatural,
- usage métaphorique débridé, déclinant à l’infini l’image du double, beaucoup plus important que l’usage médical (près de 6 articles sur 10),
- dérive forte de cet usage métaphorique, vers un sens diamétralement opposé à la réalité médicale : celui de la manipulation.
Ce constat explique peut-être, au moins en partie, pourquoi la France se classe parmi les pays du monde qui stigmatisent le plus leurs patients atteints de schizophrénie (Etude internationale Thornicroft, Lancet 2009).
(Extrait du communiqué de presse de l'Association PromesseS)
Vous pouvez consulter l'intégralité de l'étude ici et sa synthèse là.